Le fordisme est un mode de développement de l'entreprise (ou d'organisation du travail), inventé par Henry Ford (1863-1947), fondateur de l'entreprise du même nom, et largement inspiré d'une autre organisation du travail : le taylorisme, ou organisation scientifique du travail (ou OST).
Le but de ce développement de l'entreprise est d'accroître la productivité et la production de l'entreprise grâce à plusieurs principes :
Les conséquences sont une hausse de la production et de la productivité, mais aussi une hausse de la consommation, une baisse du coût de production (par une économie de main-d'ouvre et de surface), une déqualification du travail ouvrier, un meilleur contrôle par la direction du travail ouvrier, la réalisation d'un travail ouvrier de plus en plus répétitif et monotone, et une standardisation de la production dans le but de favoriser une consommation de masse. Cette époque a été caractérisée par l'école de la régulation.
Ainsi, le fordisme comporte aussi bien des avantages que des inconvénients, et ces inconvénients conduiront à une crise économique et sociale de l'organisation scientifique du travail (en particulier en raison de la concurrence des entreprises asiatiques, fonctionnant selon le toyotisme). Aujourd'hui, le taylorisme et le fordisme ne sont plus ce qu'ils étaient, en raison de la concurrence et de leurs incapacités à répondre à une diversification de la production, ils ont dû changer pour s'adapter, c'est pourquoi on parle aujourd'hui de néofordisme.
Le rôle de la Première Guerre mondiale semble à première vue central dans la genèse du modèle fordiste, elle ouvre le XXe siècle (fragilisation des impérialismes européens, montée en force de la superpuissance américaine et ouverture du cycle de révolutions bolcheviques) et introduit un changement économique (alternative planificatrice communiste), politique (brutalisassions des sociétés européennes) et technologique (production, consommation et éducation de masse). La totalisation de la guerre marque durablement le siècle.
La Seconde Guerre mondiale constitue pourtant un moment essentiel de l'évolution vers le paradigme fordiste. Les techniques fordistes mises au point et appliquées aux États-Unis comme solution à la crise économique de 1929 (conjonction d'un système de production de masse à une intervention étatique à travers l'investissement et la planification) ne sont effectivement transcrites que dans l'après-guerre en Europe, à travers notamment le plan Marshall. Le régime d'accumulation fordiste ne se déploie véritablement que dans l'après-guerre dans un contexte d'explosion de la consommation et de boom démographique, il est caractérisé par une norme de production (standardisation des segments de produits et des tâches de production) et une norme de consommation (l'augmentation de la productivité et des salaires nominaux permet une croissance du pouvoir d'achat), qui permettent l'intégration sociale.
Le taylorisme est une méthode de travail qui tire son nom de l'ingénieur américain Frederick Winslow Taylor (1856-1915). Cette méthode repose sur une division du travail en tâches simples et répétitives individuellement optimisées et sur le paiement des employés au rendement (mesuré au nombre de pièces et avec l'aide du chronométrage). Taylor rencontra une grande efficacité dans la sidérurgie et il formalisa sa méthode dans un livre intitulé The Principles of Scientific Management (1911).
Ce système ne doit pas être confondu avec le fordisme, procédé de travail à la chaîne qu'Henry Ford fut l'un des premiers à mettre en ouvre, et dont le taylorisme ne constitue qu'une composante.
On trouvera une étude approfondie du développement de la rationalisation (taylorisme et fordisme) en France dans les années 1919-1939 dans le livre d'Aimée Moutet, Les Logiques de l'entreprise, la rationalisation dans l'industrie française de l'Entre-deux-guerres (Paris, 1997, 495 p.)
Il convient toutefois de préciser que Taylor a permis aux ateliers d'être organisés pour une moindre fatigue de l'ouvrier (la juste journée de travail). Il serait donc injuste d'assimiler Taylor aux excès du taylorisme commis au cours de la crise de la fin des années 1930.
Aujourd'hui, le taylorisme se retrouve prolongé par une méthode de travail d'origine japonaise : le toyotisme, qui donne davantage d'autonomie aux individus, mais reste cependant largement inspirée par le projet initial de Taylor : la rationalisation méthodique du travail humain afin d'accroître son efficacité.
On parle aussi souvent de post-taylorisme, c'est-à-dire une organisation de travail qui met en ouvre diverses formes de participation des travailleurs aux décisions concernant la production. Le but est de remédier aux dysfonctionnement liés au taylorisme (démotivation des travailleurs, entre autres).
Cercles de qualité : les groupes de travailleurs volontaires se réunissent pour améliorer le processus de production et la qualité des produits. C'est une remise en cause de la division verticale du travail énoncé dans le taylorisme.